fissures

Je désirais ce départ
Du moins je le disais
Alors pourrait-on m'expliquer
Pourquoi quand tu es parti j'ai eu si mal?

Message
Sur le portable
Quelques mots
Sur l'écran
Que je t'entendais me dire.

Un moment mon coeur s'est arrêté
Un moment les oiseaux se sont tus
Un moment le soleil s'est couché
Un moment le temps s'est suspendu.

Mais je me suis relevée
Malgré moi
Sans le voir, sans y croire
Et je suis repartie.

J'ai erré dans les rues
Je croisais des gens qui n'existaient pas
Qui ne me comprenaient pas
Je voulais crier ma détresse, ma souffrance
Mais je savais qu'ils ne saisiraient rien.

Et je marchais, je savais où j'allais
Puis je ne savais déjà plus
Qui j'étais, que faisais-je ici
Ce n'étais pas là que j'aurais du être
Près de toi? Où? Quoi? Qui? Quand?

Et ces mots qui tourbillonent dans ma tête
Papillons terrorisés qui ne savent comment sortir
Pourquoi? Pourquoi tout ça? Pourquoi toi, Pourquoi moi? Nous?

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Ca y est
Tout est fini
Je le sais maintenant.

Posément
Je remets ma veste
La vie reprend son cours
Inéluctablement.

Un temps je suis restée brisée
Perdue, Abandonnée
Sans but, Sans existence, Sans utilité.

Et puis j'ai réalisé
Très lentement tout s'est remis en place
Désordre rangé où manquaient trop de choses.

Je voudrais trouver de l'aide
En l'autre mais j'ai vu
Que je ne pouvais chercher qu'en moi.

Alors j'ai déposé
Mes mots sur le papier
Et pouvoir les contempler ainsi, inoffensifs mais écorchés
M'a déchargée, m'a réparée.

Je sais désormais
Qu'exister sans toi n'est pas impossible
Mais blessée que je suis
Je leur demeure encor pour un temps accrochée.

Que suis-je après tout?
Un autre bourreau blessé
Un autre méchant brisé
Qui pleure sur les victimes qu'il a faites.

Est-ce une forme de suicide
D'ainsi se déchirer?

C'est mon esprit qu'ici se divise
Et saigne, les blessures de l'âme
Rose blessée par ses propres épines
Comment soigner la plaie que toi-même a creusée?

Et deux personnes
Que désormais tout sépare
Pendant un dernier instant
Se sont retrouvées
Et ont partagé leur détresse.

Puis elles ont séché l'eau fade de leur yeux
Ont regardé chacune leur soleil qui souriait
Se sont rappelées qu'il existait et qu'elles l'aimaient
Et avec lui sont reparties sur leur route tracée.